Je vous invite dans un monde où chaque objet est un souvenir et une histoire. J’ai toujours pansé que les objets du quotidien portaient en eux des fragments d’histoires qui attendent un cœur attentif pour se révéler. C’est pourquoi à travers ces histoires, je vous invite à découvrir bien plus qu’un conte, je vous invite à vous immerger dans ce pourra être un regard sur le temps et une quête d’humanité.

J'espère que ces récits sauront éveiller votre imagination, tout comme ils ont nourri la mienne lors de leur création. Allez, suivez-moi... Et laissez-vous emporter dans ce monde où les histoires de bois, de rêves et de vies se tissent lentement... Ligne après ligne...

Alain

Un Hiver si Froid

Dans une masure isolée perdue au cœur d’un village oublié habitait une famille. Cette famille n'était pas riche et joignait difficilement les deux bouts.

Le vent soufflait très fort ce soir là en emportant avec lui toute la chaleur du monde et des cœurs. Le feu de cheminée s’était éteint depuis longtemps et les parents fatigués par les années de dur labeur ne savaient plus comment réchauffer la pièce glacée.

Le bois si précieux durant l’hiver, se faisait de plus en plus rare.

Le fils, un jeune garçon de dix ans sortait encore et encore, cherchant un dernier morceau de bois pour alimenter le feu mais il n’avait plus rien trouvé. Désespéré, il se tourna vers l’armoire en bois qui trônait dans un coin sombre de la pièce. Une vieille armoire, usée par le temps et les hivers passés. Elle semblait perdue elle aussi dans l’oubli.

Il n’eut aucun scrupule en la fixant. La vieille armoire, aussi grise et fatiguée que ses parents, semblait ne plus avoir de place dans leur vie. Alors, il s'approcha d'elle, se demandant si un morceau de son bois pourrait nourrir les flammes et réchauffer leurs âmes glacées.

Les Marques de Croissance

Mais alors qu’il commençait à poser la hache sur l’armoire, il remarqua quelque chose d’étrange. Sous des couches de poussière, de petites marques apparaissaient sur le bois. Des marques fines, régulières, comme des stries profondes creusées dans la matière. Intrigué, il se pencha et caressa la surface rugueuse de l'armoire. Il réalisa alors que ce n’étaient pas des marques ordinaires, mais des entailles, des traces de croissance. Peut-être des repères faits à la main par quelqu'un, autrefois.

Ces marques ressemblaient à celles laissées par les enfants lorsqu’ils mesuraient leur taille, grandissant d’une année à l’autre. Le garçon, abasourdi, resta là, les mains tremblantes, la hache suspendue dans l’air. Qui avait bien pu laisser ces marques sur cette vieille armoire ? Peut-être la famille qui y vivait avant eux, ou même avant cela ? L’armoire semblait avoir traversé les âges, portant en elle des souvenirs qu’il ne pouvait saisir.

Une mélancolie douce s’empara de lui. Comment pouvait-il brûler une telle pièce, un objet chargé d’histoires et de souvenirs ?

Le passage de la Vieille Dame

Alors qu’il restait là, perdu dans ses pensées, il aperçut une silhouette s’approchant de la masure. C’était une vieille dame, marchant lentement sur le chemin, une besace profonde et usée accrochée à son bras. Elle s’arrêta près de la porte, observant la scène du garçon qui tenait toujours sa hache, regardant l’armoire avec une certaine tristesse.

Elle s’approcha et lui toucha doucement le bras : “Que fais-tu, mon garçon ?” demanda-t-elle d'une voix douce mais ferme : “Pourquoi vouloir détruire cette vieille armoire ?”

Le garçon, surpris par cette présence inattendue, baissa la tête, honteux de ses intentions. “Je... je n’ai plus rien pour nourrir le feu. Ma famille a froid, et je pensais que le bois de cette vieille armoire pourrait nous réchauffer.”

La vieille dame sourit doucement, mais ses yeux brillaient d'une sagesse infinie. “Ah, mais ce bois-là porte l’histoire d’une vie. Ne vois-tu pas les marques ? Ce ne sont pas simplement des entailles... Ce sont les marques du passage des années. Celles qui montrent la croissance de ceux qui ont vécu avant toi. Elles te rappellent que tout ce qui est vieux n’est pas à jeter, mais à préserver.”

Elle tendit alors la main et toucha doucement la surface de l’armoire. “Il y a plus de chaleur dans ce bois que dans des flammes éphémères. Quand le froid envahit notre cœur, il est souvent plus utile de trouver de la chaleur dans ce qui dure.”

La Toise Magique

La vieille dame, sortant un petit objet de sa besace, le tendit au garçon. C'était une petite toise en bois, sculptée avec une précision étonnante, qui semblait briller d'une lueur douce.

“Tiens, prends cette toise. Elle est magique, et elle t’aidera à comprendre l’importance de ce qui dure. Chaque marque de croissance sur l’armoire est comme une mesure de l’humanité. Elle te rappelle que la vie est un voyage, et chaque étape de ce voyage mérite d’être honorée.”

Le garçon, étonné, prit l’objet entre ses mains, sentant une chaleur étrange envahir son cœur. La vieille dame sourit et, d’un signe de tête, le poussa à regarder l’armoire d’un autre œil.

Les pensées du garçon

Il regarda de nouveau l’armoire mais avec un regard différent.

Il ne voyait plus simplement un vieux meuble à brûler car il voyait l’histoire, la mémoire et les vies passées qui l’avaient façonnée. Il pensai à sa famille, à ses propres marques sur la vieille armoire et aux moments importants de sa vie. Comment les oublier ?

En posant doucement la hache, il s’approcha de l’armoire et caressa les marques laissées sur le bois. Elles étaient comme des témoignages de la vie, de la lutte, du temps. Une vie ne doit pas être brûlée ; elle doit être honorée.

“Merci madame” dit-il, un sourire naissant sur son visage. “Je comprends maintenant, l’armoire ne doit pas être détruite mais elle doit être préservée. Elle porte en elle des souvenirs et des histoires que rien ne peut remplacer.”

La vieille dame hocha la tête, contente de sa réponse. “Rappelle-toi, jeune garçon,” dit-elle en s’éloignant, “la vraie chaleur ne vient pas des flammes, mais des souvenirs et de l’amour que l’on porte aux choses et aux gens.”

Épilogue

Dans cette histoire, nous parlons de la valeur du temps et des souvenirs. De la préservation de ce qui a du sens pour nous et pour notre famille. Le véritable réconfort ne se trouve pas dans la destruction ou dans la recherche de solutions instantanées. Il se trouve dans la reconnaissance des petites choses de la vie. Ces petites choses avec le temps, prennent leur vraie et grande valeur.

La toise symbole de la croissance et de l’évolution nous rappelle que chaque moment, chaque étape de notre existence mérite d’être respecté et conservé. Parfois ce qui semble vieux et inutile cache en réalité un trésor de mémoire et d’histoire.

Je suis Alain, artisan sculpteur passionné. Chaque toise que je crée raconte une histoire... Et si on écrivait la vôtre ?

Mis à jour le 18 mars 2025

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